Ta Set Neferou. Les momies de la Vallée des Reines.
Exposition-dossier organisée par la MAFTO/UMR 171 CNRS, le Musée Guillaume Dupuytren et l’Université Pierre et Marie Curie. Panneaux documentaires. Paris. Les Cordeliers. Université Pierre et Marie Curie. (13 mars-13 mai 2006).
Un peu d’histoire…
La Vallée des Reines : heurs et malheurs des occupants tardifs
de la Place des Enfants Royaux et des Dames de la Couronne
Le site de Ta Set Neferou
Située dans le vallon le plus méridional de la montagne thébaine, cette nécropole abrite plus de 80 tombes, datant pour la plupart des XVIIIe, XIXe et XXe dynasties. Son nom moderne de « Vallée des Reines » lui fut donné, il y a à peine plus de 150 ans, en parallèle à la « Vallée des Rois », qui n’abrite pas, elle non plus, que des souverains. Les anciens Egyptiens lui avait donné le nom de Ta Set Neferou (La Place des Enfants royaux et du Harem). Cette vallée assez large et relativement courte, d’un peu plus de trois hectares était située à quelques minutes de marche du village des ouvriers royaux.
Site d’enterrement royal et princier au Nouvel Empire, il abrite surtout des tombes de reines des XIXe et XXe dynasties, ainsi que des sépultures de plusieurs princes et princesses de la XVIIIe dynastie, auxquels s’ajoutent encore celles des fils de Ramsès III. Plus tard, ces « demeures d’éternité » furent réutilisées comme sépultures collectives : aux reines, princesses et princes succèdent alors, à partir de la Troisième Période Intermédiaire, des prêtres, arpenteurs, cultivateurs, fleuristes et parfumeurs…
Le site, rattaché aux Memnonia, voit l’installation d’un grand cimetière à l’époque romaine, vers le IIe siècle après J.-C. On entasse par centaines les morts dans les anciennes tombes royales et princières. Ces défunts sont d’origine sociale modeste et leurs tombes communes sont souvent dépourvues de mobilier.
Les premières fouilles menées sur ce site ont commencé au XIXe siècle avec notamment la présence de Champollion et Rosellini en 1829, puis de Schiaparelli et Ballerini en 1903 qui découvrirent la célèbre tombe de Nefertari.
L’équipe de la Mission Archéologique Française de Thèbes Ouest (MAFTO) rattachée au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF – CNRS UMR 171/Ministère de la Culture) a pris le relais des recherches dans cette nécropole, dans les années 70, et y travaille encore aujourd’hui, associée notamment à un projet de valorisation du site.
Les momies : réflexions préalables sur la mort en Égypte ancienne
Pour l’Égyptien, la mort correspond a une dislocation de l’être, explicitement symbolisée par le démembrement du dieu Osiris. C’est cette dislocation qu’il convient de combattre en reconstituant le corps, en le pérennisant pour lui permettre d’abriter à nouveau l’étincelle divine, le feu de vie qui anime tout être vivant. Cette pérennisation d’une enveloppe appelée à l’autodestruction passe par une réification. Le corps est transformé en un objet d’éternité par l’embaumement, alors que tout un dispositif défensif, allant des bandelettes à la tombe elle-même, en passant par des sarcophages emboîtés, vise à le protéger des attaques indignes des hommes, des charognards et du temps.
La présente exposition a pour but de présenter les résultats des recherches conduites sur ce site au fil du temps, et de montrer l’apport de l’anthropologie dans un contexte archéologique. Bien évidemment, ce sont aussi la mort et l’idée d’immortalité telles que les percevaient les anciens Egyptiens, à travers une pensée qui a évolué au fil du temps, qui seront évoquées, en parallèle, dans le parcours de cette exposition documentaire.